Par la rédaction Newsletter ExpoBéton RDC
Face aux embouteillages monstres, Kinshasa envisage d’introduire la circulation alternée : les véhicules dont la plaque se termine par un chiffre pair rouleraient les jours pairs, et les impairs les jours impairs. Une idée séduisante en apparence. Mais que disent les expériences ailleurs ? Le bilan est contrasté.

Mexico : un bon départ, un mauvais virage
Le programme Hoy No Circula, instauré à Mexico dès 1989, avait d’abord permis de réduire la pollution. Mais rapidement, les ménages les plus aisés achèteraient une deuxième voiture avec une autre plaque, souvent plus vieille et plus polluante. Résultat : effet boomerang.
Leçon pour Kinshasa : sans cadre rigoureux, la mesure risquerait d’aggraver les inégalités et d’alourdir la circulation.
Paris : utile mais ponctuel
À Paris, la circulation alternée sera activée uniquement lors des pics de pollution. Les résultats seraient visibles à court terme, surtout si la gratuité des transports en commun est instaurée simultanément.
Leçon pour Kinshasa : l’alternance pourrait être envisagée comme mesure exceptionnelle, mais pas comme solution permanente sans un plan de mobilité élargi.
Pékin : efficace, mais vite contournée
À Pékin, la circulation alternée instaurée lors des Jeux olympiques de 2008 avait temporairement amélioré la qualité de l’air. Mais par la suite, de nombreux citoyens acquerraient plusieurs véhicules pour contourner la règle. La ville devra renforcer le métro et limiter les nouvelles immatriculations.

Leçon pour Kinshasa : si la mesure est adoptée, elle devra s’accompagner d’un renforcement massif des transports publics.
Bogotá : un modèle souple, mais inégal
La capitale colombienne applique la règle aux heures de pointe. Moins rigide, cette option pourrait séduire Kinshasa. Mais là encore, les populations aisées seraient mieux armées pour contourner les restrictions, en jouant sur les horaires ou les moyens de transport.
Et Kinshasa ?
La capitale congolaise devra faire face à de nombreux défis : infrastructures de transport déficientes, moyens de contrôle limités, et fortes inégalités sociales.
Si la circulation alternée est adoptée, elle devra impérativement s’accompagner :
d’un renforcement des transports publics (Transco, bus urbains, taxis structurés)

d’un système de contrôle fiable et équitable
d’une campagne de sensibilisation citoyenne
et d’un cadre exempt de discrimination sociale
La circulation alternée pourrait offrir un soulagement temporaire. Mais elle ne suffira pas, seule, à désengorger Kinshasa.
Une vision globale de la mobilité urbaine s’imposera, intégrant urbanisme, équité et transports alternatifs. Faute de quoi, les embouteillages continueront à tourner en rond… plaque paire ou non.
Rédaction


