Kinshasa, jadis surnommée “Poto Moyindo” la ville européenne des Noirs s’enfonce de plus en plus dans un désordre urbain alarmant. Ce qui fut autrefois un modèle d’urbanisation en Afrique centrale est aujourd’hui tristement appelé “Kin la poubelle”. La ville croule sous les immondices, les constructions anarchiques prolifèrent, et les espaces publics sont progressivement défigurés par une urbanisation sauvage. Face à cette réalité accablante, Expobéton RDC, à travers sa plateforme BTP-CMA, a organisé un déjeuner-débat stratégique le week-end dernier à l’hôtel O’Bwira.

Une solution pragmatique : l’élaboration des PPA pour chaque commune
L’une des principales résolutions issues de cette rencontre est l’élaboration de Plans Particuliers d’Aménagement (PPA) pour chacune des 24 communes de Kinshasa. Cette initiative vise à doter chaque entité communale d’un schéma directeur propre, adapté à ses réalités géographiques, démographiques, économiques et environnementales. L’objectif est clair : offrir une solution structurelle et durable aux problèmes chroniques de gouvernance urbaine qui gangrènent la capitale.
Kintambo au cœur des discussions
Au centre des réflexions : la commune de Kintambo. Première commune de la capitale en termes historiques, mais aussi de par sa position géostratégique, Kintambo jouxte Gombe, centre névralgique des affaires à Kinshasa. Et pourtant, malgré cette position privilégiée, elle est aujourd’hui l’une des communes les plus insalubres et désorganisées de la ville.

Urbanistes, architectes, environnementalistes, professeurs d’université, anciens bourgmestres, étudiants et responsables d’entreprises publiques ont répondu présents à ce rendez-vous de haute portée. Tous ont dressé un état des lieux sans complaisance de la situation de Kintambo. Bilan : absence de planification, gestion désordonnée de l’espace, insalubrité généralisée, pression démographique mal maîtrisée, déficit d’infrastructures de base et irresponsabilité administrative.
L’absence remarquée des autorités
Fait regrettable, ni le gouverneur de la ville-province de Kinshasa ni le bourgmestre de Kintambo n’ont jugé utile d’honorer de leur présence cette rencontre cruciale. Si les raisons de l’absence du gouverneur n’ont pas été précisées, le bourgmestre, lui, aurait été “retenu par les célébrations de mariages”, une activité perçue localement comme source de recettes communales. Une justification pour le moins surprenante, au vu des enjeux urbains auxquels fait face sa municipalité.
Un appel à l’engagement politique et citoyen
La volonté exprimée lors de ce débat est celle d’une rupture avec l’improvisation et la résignation. L’élaboration des PPA est perçue comme une bouée de sauvetage pour réorganiser Kinshasa sur des bases scientifiques, participatives et durables. Mais pour cela, un engagement fort des autorités politico-administratives est indispensable. Leur absence lors de ce genre d’initiatives envoie un signal inquiétant sur le niveau de priorité accordé à l’avenir de la ville.

Une thérapie de choc pour une ville à bout de souffle
Les participants ont unanimement appelé à une “thérapie de choc” : application stricte des normes de construction, réhabilitation des voiries, désengorgement des marchés, création d’espaces verts, mise en place d’un système moderne de gestion des déchets, implication réelle des habitants et surtout, responsabilisation des gestionnaires publics.
L’urbanisation ne doit plus être laissée au hasard ni livrée aux intérêts privés. Kinshasa a besoin d’un cap, d’une vision claire, d’une planification rigoureuse. Et cela commence par les PPA.
Le déjeuner-débat organisé par Expobéton RDC est plus qu’un événement ponctuel. C’est un cri d’alarme, mais aussi un acte de foi en l’avenir d’une ville qui refuse de sombrer définitivement dans le chaos. Il appartient désormais aux décideurs de traduire cette ambition en actions concrètes. Car Kinshasa ne mérite pas d’être la capitale de l’improvisation, mais celle de l’innovation urbaine.
Rédaction


