Et si la RDC pensait ses villes avant de les construire ? Réflexion autour du modèle River City à Lubumbashi

Dans une République Démocratique du Congo en proie à une urbanisation galopante mais largement désordonnée, une nouvelle génération de projets urbains commence à émerger timidement. Parmi eux, River City RDC, en cours de développement à Lubumbashi, représente un tournant important : celui d’un urbanisme anticipé, intégré, et tourné vers la cohérence territoriale. Non pas pour en faire la vitrine d’un promoteur privé, mais pour rappeler qu’il est possible de bâtir autrement.

Un projet pensé comme une ville

River City s’étend sur environ 600 hectares en périphérie de Lubumbashi, avec une planification qui inclut, dès le départ, des zones d’habitation, des écoles, des hôpitaux, des commerces, des loisirs et des infrastructures routières. Ici, la voirie précède la construction, les espaces publics sont réservés, et les services essentiels intégrés dans la logique même du projet. En d’autres termes, l’urbanisme guide l’immobilier, et non l’inverse.

Une rupture face au modèle dominant

Dans de nombreuses villes congolaises, la logique est inversée : on construit d’abord des maisons, souvent sur des terrains litigieux ou inappropriés (zones inondables, servitudes, emprises publiques), puis on attend que l’État « suive » avec les infrastructures. Résultat : embouteillages chroniques, inondations, conflits fonciers, habitat précaire, pollution, et absence de services collectifs.

River City, comme d’autres projets émergents, démontre que penser une ville avant de la construire n’est pas un luxe, mais une nécessité. Il offre une alternative à cette croissance anarchique, en prouvant que même dans un contexte privé, une approche structurée peut voir le jour — à condition d’un encadrement clair et d’une vision à long terme.

Des enseignements pour l’ensemble du territoire

Ce modèle peut inspirer des projets publics, des zones économiques spéciales, ou des villes nouvelles à développer autour de grandes agglomérations comme Kinshasa, Kisangani, Mbuji-Mayi ou Goma. Pour cela, plusieurs conditions sont nécessaires :

Un cadre légal et foncier sécurisé, garantissant la transparence et la stabilité des transactions ;

Un urbanisme prescriptif, avec des normes d’aménagement claires, opposables et contrôlées ;

Des partenariats public-privé équilibrés, où l’État garantit l’intérêt général, sans bloquer l’innovation ;

Une fiscalité incitative, pour encourager les investissements dans les infrastructures et les services.

Vers un urbanisme de projet

Il est temps pour la RDC de sortir d’un urbanisme de rattrapage, qui ne fait que réparer l’existant, pour aller vers un urbanisme de projet, où chaque nouveau quartier, chaque nouvelle ville, est conçu avec une intention claire, des objectifs sociaux, économiques et environnementaux, et des outils concrets pour les atteindre.

River City RDC ne doit pas être une exception spectaculaire, mais le début d’une normalité à construire.

Rédaction

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