Kinshasa, capitale de 17 millions d’habitants, ne possède pas une seule route construite aux normes. C’est le constat amer dressé par l’honorable sénateur Jean Bamanisa Saidi dans un message fort adressé à ses homologues. Un véritable plaidoyer pour des États généraux des infrastructures et une éducation technique aux normes internationales.

« Il faut une politique claire des infrastructures, avec une répartition précise des responsabilités entre les entités », insiste-t-il, dénonçant les pratiques qui maintiennent le pays dans un retard chronique.
Un héritage sécuritaire lourd de conséquences
Après l’indépendance, explique le sénateur, les routes et les ponts étaient volontairement détruits pour freiner la progression des rébellions. La priorité fut donnée aux aéroports et à la mobilité aérienne, plaçant tous les services de sécurité aux terminaux. Une logique sécuritaire héritée des années Mobutu qui a marginalisé la route et le rail.
Cinq maux qui tuent les infrastructures
1. La culture des sentiers : Des décideurs habitués aux mauvais chemins dans les villages transposent cette mentalité à la ville. « En milieu urbain, on parle même de tunnels », ironise le sénateur.
2. Les infrastructures perçues comme des caisses noires : Surfacturations, détournements, travaux bâclés, matériaux de mauvaise qualité. « Les routes sont transformées en mines d’or pour corrompus », déplore-t-il.
3. La Jeep 4×4 comme cache-misère : « Les décideurs roulent en 4×4 pour ne pas sentir les trous », alors que dans d’autres pays, la normalité est de rouler en berline en ville.
4. L’absence d’études et d’innovation locale : « Il y a des matériaux locaux pour stabiliser les routes, mais on reste figé sur l’asphalte importé », regrette Bamanisa, citant l’exemple de l’Afrique du Sud.
5. Une lenteur dramatique : Avec un programme de seulement 100 km sur 4.000 km à Kinshasa, il faudrait 300 ans pour moderniser la RDC au rythme actuel.
Un appel à l’action
Le sénateur interpelle la Commission des Infrastructures et Aménagement du Territoire :
• Organiser des États généraux des infrastructures ;
• Définir une politique nationale claire et répartir les responsabilités ;
• Lancer une réforme législative ambitieuse pour assainir la gouvernance des projets ;
• Former une nouvelle génération d’ingénieurs capables d’adapter les normes aux réalités locales.
« Sortons de la culture des sentiers et de la Jeep. Modernisons la RDC. C’est maintenant ou jamais. »

Rédaction


