La relance du chemin de fer Matadi–Kinshasa marque un tournant historique pour la logistique congolaise. Après plusieurs décennies de ralentissement, un premier convoi de 500 tonnes de ciment a déjà montré que le rail pouvait redevenir un acteur majeur du corridor. Les perspectives pour l’exercice 2025–2026 sont ambitieuses : replacer le train au cœur du transport de fret entre le port de Matadi et la capitale.

Des chiffres qui parlent
Potentiel historique : jusqu’à 2,7 millions de tonnes/an transportées par rail dans les années 1950.Objectifs réalistes 2025–2026 : selon les scénarios, la ligne pourrait acheminer :
0,15 Mt/an en phase de reprise (2–3 trains/semaine, 500–1 000 t/train); 0,5 Mt/an avec un train quotidien (≈1 000 t/jour ouvré) et 1 Mt/an si deux trains/jour sont assurés régulièrement.
Chaque train de 1 000 t équivaut à 35–40 camions retirés de la Nationale n°1. En rythme quotidien, cela représente plus de 10 000 camions/an en moins sur la route Kinshasa–Matadi.
Une bonne nouvelle… mais pas sans conséquences
Le rail promet de désengorger la RN1, de réduire l’usure routière et d’améliorer la sécurité. Mais un paradoxe se dessine :
Moins de camions sur la route signifie aussi moins de travail pour les transporteurs routiers.
Des centaines d’emplois, liés aux sociétés de fret routier qui avaient investi lourdement dans ce corridor, pourraient être menacés.
Quelles alternatives pour les transporteurs routiers ?

Plutôt que de voir cette relance comme une mise au chômage forcée, plusieurs pistes d’adaptation existent :
- Complémentarité Rail–Route :
Les camions pourraient se spécialiser dans le dernier kilomètre, en distribuant les cargaisons arrivées par train jusqu’aux zones de consommation. - Diversification des tronçons :
Les sociétés de transport peuvent se repositionner sur d’autres corridors stratégiques (Kinshasa–Kikwit, Kinshasa–Lubumbashi, corridors frontaliers vers Kasumbalesa, etc). - Partenariats public–privé :
L’État pourrait créer des zones logistiques multimodales (rail–route) où camionneurs et opérateurs ferroviaires travaillent ensemble. - Réorientation sectorielle :
Les transporteurs peuvent se tourner vers le transport de passagers, le fret agricole ou minier sur des zones où le rail est absent.
Un équilibre à trouver
La relance du chemin de fer Matadi–Kinshasa est une chance pour le pays : réduire les coûts logistiques, fluidifier le commerce et protéger les routes. Mais elle pose aussi une question sociale cruciale : comment accompagner les transporteurs routiers pour éviter des pertes massives d’emplois ?
C’est un défi de gouvernance et de vision économique. Plutôt qu’une opposition rail contre route, l’avenir passe par une intégration intelligente des deux modes au bénéfice de toute l’économie congolaise.
Il convient de souligner que les conclusions des deux éditions d’ExpobetonRDC sur le corridor ouest mettent en avant la nécessité d’ouvrir ce corridor à l’Angola, à Cabinda et à Pointe-Noire.
Rédaction


